Oui Pascal : tu as gagné.
Maintenant que c’est dit, voyons d’un peu plus près le projet des Cachalots pointillistes.
Le visiteur était invité à participer à une quête avec un objet liant (une lampe torche) qui va l’emmener à travers différents espaces du musée. Pour Museomix #1, le jeu comprenait 3 étapes réunies dans l’espace qui leur avait été attribué : le lancement du défi, la première étape et une deuxième étape avec l’exploration d’un monde virtuel.
C’est clairement un projet qui aurait du s’étendre sur une grande partie du musée et ne peut être restreint dans un seul espace. De plus il s’agissait d’un cul de sac et cela nuisait beaucoup à l’expérience, surtout avec un musée très chargé comme au moment du vernissage.
Il y a beaucoup d’avenir à ces scénarios ludiques, comprenant une narration forte, des personnages marquants que l’on retrouve et une interaction avec l’espace physique du musée. Immédiatement la visite est conduite par un but précis et rythmée par une narration.
Cela ne marche pas forcément pour tous les publics, certains veulent papillonner librement et n’ont pas envie d’imposer un imaginaire supplémentaire à ce que leur évoque déjà le musée. Néanmoins, et nous l’avons vu à Erasme lors du jeu de piste sur Ipad : le Musée dévoile ses réserves, cela permet de vivre en famille une expérience différente et complémentaire du musée : les plus jeunes sont dans le jeu, captés par sa dynamique, pendant que les parents peuvent avoir une approche plus traditionnelle de l’exposition.
C’est intéressant de pouvoir ainsi superposer des modalités différentes de parcours dans une exposition.
Nos cachalots, quoique pointillistes, ont bien joué avec les technologies disponibles pour les détourner au profit de leur projet. Que ce soit le webnapperon qui déclenche les sons, l’utilisation de technologies de mondes virtuels et d’avatar pour produire leurs personnages et les contenus audiovisuels ou encore le recours à la découpe laser pour fabriquer leur livre magique ou à l’imprimante 3D pour les personnages de récompense à potentiellement disperser dans le musée. Le côté bricolage de ces détournement était largement compensé par la force du scénario.
Pour que des scénarios de ce type vivent dans la durée dans les musées, il faut aussi prévoir un accès au backoffice pour les équipes du musées. Si celles-ci ont la possibilité d’intervenir sur le scénarios et les contenus pour les faire évoluer, les adapter au public ou à l’actualité du musée, on aura un dispositif qui sera de moins en moins gadget et de plus en plus intégré dans l’offre du musée.
Pour aller plus loin :
L’utilisation d’une lampe torche interactive comme moyen d’exploration de l’espace muséographique est assez à la mode.
Voici quelques autres exemples de recours à la lampe torche :
- Le projet 5 : Lampe interactive pour explorer les musées, des étudiants en design du BTS design de produit et multimédia de Villefontaine lors de leur passage au Museolab.
- le projet très analogique et très malin de Meta.l.hyttan à Avesta en Suède.
- le pilotage d’une colonie de tortueà la lampe torche par la société Ibou.
Quelles sont les questions que ce dispositif pose au Musée des Arts décoratifs ?
- Faut-il prévoir un parcours enfant ?
- La "gamification" du musée donne-t’elle du dynamisme et du sens à la visite, ou dénature t’elle l’exposition ?
- Quel dispositif scénarisant un parcours de jeu dans le musée favorisera le mieux la découverte des oeuvres sans être en concurrence avec elles ?
- Comment gérer l’insoutenable bruit de nos sombres dragons au fond de nos musées ?