Description
Vivre une course de quadriges par l’entremise d’un jeu d’arcade robotisé se déroulant sur la « mosaïque des jeux du cirque » : mosaïque au sol représente un cirque qui devait se trouver à Lyon avec le détail d’une course de char.
Les visiteurs s’installent aux commandes des deux chars en prenant place devant le pupitre faisant face à la mosaïque. Chaque robot sur la piste est habillé d’une couleur d’équipe (rouge ou bleue) et l’on retrouve chaque couleur sur le pupitre pour distinguer les commandes de chacun des robots.
Une vidéo de démo qui tourne en continu leur présente le déroulement de la course et les différents dangers qu’ils devront affronter sur la piste.
Après avoir regardé la vidéo, ils peuvent donner le coup d’envoi de leur course en prenant et jetant le mouchoir.
Pendant la course, des évènements aléatoires surviennent, apparaissent à l’écran et font ralentir le char. Le joueur affecté par cet aléa doit y apporter une solution en appuyant sur le bouton adéquat pour relancer son char (ex. tempête de sable > assistant technique qui humidifie la piste, virage serré > metae qui aident à prendre le virage sans déraper et sans perdre de temps...). Il est possible d’accélérer grâce au bouton marqué d’un fouet.
Des joueurs extérieurs au plateau de jeu (ou au musée) peuvent interagir pendant la course en twittant des encouragements, des réactions... qui sont lus par une voix off.
- Course, photo de JP Bajard
Retours
Ce dispositif a connu des problèmes techniques de mise en place : au terme des trois jours de muséomix, une première version fonctionnait avec un robot. Mais lorsqu’il a fallut migrer le développement sur des machines restant sur place, il n’y a pas eu assez de temps pour le rendre opérationnel. Il n’a donc pas pu être véritablement testé avec les publics.
« Le dispositif sur les chars j’ai trouvé que c’était un peu délicat. Le parti pris d’utiliser un seul char... avec un seul char ce n’est pas vraiment une course. » (#6 – étudiant, en groupe, master patrimoines, Lyon)
Il faut donc noter que la robotique est prometteuse mais connaît encore de nombreux problèmes de robustesse et un risque technologique fort en exploitation.
Toutefois on peut identifier un certain nombre de pistes très intéressantes dans ce dispositif :
- La règle du jeu est le message : c’est le point certainement le plus intéressant de cette démarche. Lorsqu’un utilisateur, notamment du jeune public, est confronté à un dispositif interactif son attention se focalise sur l’interaction. Il cherche à comprendre comment fonctionne l’interactif, teste les différentes modalités d’actions qui lui sont proposées et analyse les retours de ces actions pour comprendre le dispositif. Une fois que le fonctionnement de l’interactif est perçu par l’utilisateur son intérêt décroît et il ne va pas toujours l’utiliser pour explorer le contenu mais passer au prochain interactif.
Dans le dispositif « arrête ton char Benhur », lorsque l’utilisateur a testé et compris toutes les interactions qui lui sont proposées (faire venir un porteur d’eau, avoir un assistant pour les virages serrés...), il a appris et compris comment fonctionne une course de char et indirectement découvert le contenu de la mosaïque, car la règle du jeu est le contenu principal cet l’interactif.
Il y a là une règle qui peut être exploitée de manière très générale dans la conception d’interactifs ou de serious game : chercher des interactions qui aient du sens par elles-mêmes et non qui soient juste au service de l’exploration d’un contenu. Car c’est l’interaction et la règle du jeu qui sont recherchées et comprises en premiers.
- Retours audio de la participation sur les réseaux sociaux : alors qu’il est souvent difficile de faire apparaître dans l’espace d’exposition un échange qui a lieu sur les réseaux sociaux, l’utilisation de synthèse vocale et de retours audio est un moyen simple de mettre en valeur l’aspect temps réel des publications sociales.
Le visiteur était invité à twitter un commentaire (un encouragement au robot) en ajoutant un hashtag particulier (#vazybenhur) et quelques secondes plus tard son message était « crié » par une voix de synthèse dans le cirque reconstitué. C’est sans doute un peu gratuit et juste ludique, mais, un peu orchestré et développé, pourrait permettre de générer un écho non négligeable sur les réseaux sociaux et interpeller les followers des visiteurs qui y participent et contribuer à faire connaitre le dispositif.
- Utiliser le patrimoine du musée comme matière audiovisuelle : l’équipe Uesbeix a aussi réalisé un film d’animation à partir d’éléments de la mosaique. Le remix d’éléments graphiques du patrimoine du musée permet de générer rapidement des contenus originaux et souvent pertinents. Ce film d’animation sera sans doute utilisé par le musée comme support de médiation, indépendamment du reste du dispositif. Il permet de renouveler le regard du public sur l’objet qui lui est habituellement proposé.
« Ca s’adressait à des publics différents. Parce qu’il y a vraiment des animations pour les enfants. L’histoire des bruits de quartiers, je pense que ça doit beaucoup amuser les enfants. Les chars ça aussi, le petit bateau que l’on déplace, ça me parait adapté pour les enfants. » (#6 – étudiant, en groupe, Master patrimoines, Lyon).
15-25 ans :
Glisser un message dans la règle du jeu d’un interactif est un moyen d’utiliser la capacité de mobilisation de cette tranche d’âge autour des dispositifs interactifs. Observer un objet antique (la mosaïque) par le truchement d’un outil contemporain et technologique (le robot équipé de la caméra), présente un fort potentiel d’appel pour ces publics, et le film retraçant les règles de la course de char s’appuie habilement sur cette accroche pour remplir son rôle pédagogique. On peut ici probablement parler de jeu sérieux.
Opportunités :
Les technologies robotiques se situent au carrefour de la technologie et de la société : encore au stade de recherche et développement, elles sont portées par une représentation mythologique, de nombreux fantasmes et nous vivons la rencontre entre ces représentations et la réalité des technologies.
Elles sont donc particulièrement intéressantes comme support d’échange et d’interrogation sur les rapports entre technologies et société. Elles ont aussi l’intérêt d’être un bon trait d’union entre le monde numérique et l’espace physique. Les robots sont connectés, en réseau, fonctionnent grâce à des programmes et habitent l’espace physique. Ils sont la partie la plus visible de l’Internet des objets. Ils peuvent contribuer efficacement à augmenter l’espace physique (au même titre que le vidéomapping).
Nous avons vu que ces technologies restent relativement fragiles et frustrantes, il faut donc les utiliser avec précaution et généralement avec le support d’un médiateur. Mais elles bénéficient d’un capital d’intérêt et de curiosité qu’il est intéressant d’exploiter.