Description
A l’entrée du musée, les visiteurs sont invités à remplir un formulaire administratif décalé dans le formularium. 20 minutes plus tard, alors qu’ils visitent l’exposition permanente, ils découvrent la vidéoprojection d’une stèle funéraire très semblable à sa voisine. Mais, surprise, cette frise les interpelle avec leur propre nom ou ceux des personnes de leur groupe.
L’éloge de cette stèle est en effet personnalisé avec le nom et divers renseignements qu’a indiqué précédemment le visiteur. Le texte est en français, tourné de manière humoristique et permet de comprendre de manière personnelle comment ces hommages sur stèle étaient conçus.
- 6 pieds sous terre
Retours
On aurait pu craindre que les visiteurs aient une forte réticence à remplir un tel formulaire en début de visite. Et finalement, ils jouent bien le jeu sans comprendre véritablement ce qui leur est proposé et sont relativement surpris quand ils découvrent la stèle à leur nom. On vérifie ici le capital confiance dont jouit le musée lorsqu’il s’agit de solliciter le visiteur.
Ils ne perçoivent pas toujours la ressemblance entre la stèle projetée et la véritable stèle qui la jouxte. Par contre, le fait de voir se succéder plusieurs éloges funéraires avec des informations différentes et une tournure humoristique fonctionne bien et permet, motivé par l’humour et l’étrangeté des phrases ainsi générées, de comprendre globalement la structure des textes qui ornaient ces pierres.
La personnalisation permet une appropriation et créé un décalage qui met en valeur la structure des textes. Le même texte simplement traduit avec des noms et des contextes romains parait plus impénétrable et moins saisissable.
« Et j’ai finalement compris que l’épitaphe, c’était de reprendre sous une forme actuelle les épitaphes qui étaient écrits de ce temps là, désignant la personne, le monde dans lequel elle vivait, quelles avaient été ses spécificités, sous quel règne politique... d’une manière un peu imagée, transposée au monde actuel. Je suppose que Sarkozy a dû être dégagé il y a pas longtemps (rires). Mais évidemment, le gros avantage c’est d’arrêter le visiteur et de lui faire se poser des questions. De marquer un temps d’arrêt véritable, et de se poser des questions et de se dire « d’où cela vient-il ? (#3 – Homme, seul, 40 ans, Lyon)
« On s’est inscrit pour les inscriptions là-bas que l’on a pu lire sur les panneaux... Ah ben je trouvais ça sympathique pour personnaliser la visite. Et aussi, c’était pour que ces inscriptions deviennent plus humaines. (...) Il y a avait des numéros avant le nôtre donc on a attendu que notre numéro arrive. (...) on s’est senti plongé dans l’époque romaine ». (#13 –H, en famille avec enfant, diplomate, Suisse)
15-25 ans :
La personnalisation est un exercice qui oblige à sortir d’un vocabulaire parfois inaccessible à des jeunes publics. Il contraint à une certaine « acculturation » même s’il peut heurter le puriste.
Cette tranche d’âge est aussi sensible au décalage et à l’humour mais il est très difficile de trouver un ton humoristique qui convienne à des âges aussi différents.
« J’ai joué avec l’ordinateur au début. J’ai été marqué nom, prénom et j’ai rigolé parce que j’ai pas pas mis les vrais trucs. (...) j’ai mis à la fin comment finissez-vous la visite ? j’ai mis : « par me faire expulser par la sécurité et j’ai rigolé. Après je suis parti, j’ai dit que je m’appelais René aussi. » (# 34 – H, 10 ans avec sa grand-mère)